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Rapport sur la situation de l'agriculture suisse - septembre 2022

Données de base

La première moitié de septembre a été dominée par des températures douces. Des orages ont apporté des quantités de pluie parfois importantes, surtout dans le sud de la Suisse. À partir du 17 septembre, les températures ont beaucoup baissé. La limite de la neige est descendue pour s’établir entre 1800 et 1400 mètres. À compter du 25 septembre, des masses d’air humide sont arrivées de l’ouest, apportant des précipitations quotidiennes. Sur l’ensemble du mois, la température moyenne nationale a été de 0,4 degré inférieure à la norme 1981-2020. Au nord des Alpes, le total des précipitations a été de loin supérieur à la normale. Dans certaines régions, il s’agissait du mois de septembre le plus humide depuis 1864. Au sud des Alpes, le temps s’est montré nettement plus sec. Dans le nord-ouest du Tessin et dans certaines régions du Valais, les précipitations étaient inférieures de moitié à la norme. Jusqu’à la fin août, la Suisse Grêle a enregistré un total de 7439 annonces, soit bien moins qu’à la fin août 2021 (11 484 annonces), mais bien plus qu’à la fin août 2020 (2030 annonces). Les déclarations de dommages causés par les éléments naturels se situent jusqu’à présent elles aussi entre celles de 2021 et de 2020 (tableau 1.6).

 

Production végétale

Si les récoltes de foin ont été en général suffisantes et de bonne qualité en 2022, la sécheresse a pesé sur les récoltes de regain et d’ensilage : les volumes se sont montrés en moyenne inférieurs à ceux des autres années, et qui plus est de piètre qualité (tableau 2.1). Les cultures fourragères ont connu cette année une situation similaire à celles de 2003, 2015 et 2018, des années elles aussi sèches. De façon globale, les grandes cultures précoces (céréales, colza et légumineuses à grains) ont donné de bons rendements en 2022 (tableau 2.2). Les premiers problèmes liés à la sécheresse se sont toutefois fait sentir dans certaines régions. Le rendement des cultures de pommes de terre par hectare est estimé légèrement inférieur à la moyenne, la récolte totale ne s’élevant qu’à 390 000 tonnes, alors que la surface cultivée est restée à peu près stable (tableau 2.3). La production de légumes rejoint quant à elle le niveau de 2020. Le volume de production cumulé à la fin août a augmenté de 19,4 % en glissement annuel (tableau 2.4).

 

Économie laitière

En juin, la production laitière a diminué de 1,6 % par rapport à 2021 (tableau 3.1). Le recul par rapport à 2020 s’est donc atténué quelque peu (tableau 3.1). En juillet, la production de lait de consommation a augmenté de 1,8 % par rapport à l’année d’avant (tableau 3.3). Cumulée cependant à fin juillet, la production était en retard de 4,7 %. Pour ce qui est du fromage, c’est surtout la production de fromage frais, en particulier la mozzarella, qui a le plus augmenté en juillet (tableau 3.4). À l’heure actuelle, les stocks de beurre sont peu remplis (tableau 3.6) : fin août, ils ne comptaient que 1450 tonnes. Ces dernières années, il n’y a que 2020 qui a affiché à cette date le volume encore plus faible de 179 tonnes. En juillet, les teneurs moyennes du lait étaient peu élevées : 4,00 % de matière grasse et 3,23 % de protéine (tableau 3.7).

 

Économie animale

Fin juillet, le nombre de bovins est resté quelque peu supérieur (+8958 têtes, soit +0,6 %) à celui de l’année précédente (tableau 4.1). L’effectif de vaches laitières a continué de diminuer, et ce au rythme plus soutenu de 1,1 % en glissement annuel. Les effectifs des animaux plus jeunes sont restés élevés (tableau 4.2). En août, les abattages indigènes n’ont diminué par rapport à l’année d’avant que chez les taureaux (-4,7 % ) et les veaux (-3,7 %) (tableau 4.5). L’augmentation qu’ont connue ceux des autres catégories de bovins pourrait du moins être en partie liée à la sécheresse. Une hausse des abattages est aussi observable chez les porcs (+2,4 %), les moutons (+6,7 %) et les chèvres (+10,2 %). Pour les ovins et les caprins, la sécheresse et le manque de fourrage qui en a résulté dans de nombreuses régions pourraient de la même manière avoir contribué à l’augmentation des abattages par rapport à l’année précédente. Chez les porcs, la baisse des abattages n’est toujours pas à l’ordre du jour. La tendance est même plutôt à la hausse. Les poids morts (PM) étaient plutôt inférieurs à ceux de 2021, sauf pour les bœufs (+0,1 %), les porcs (+2,1 %) et les chèvres (+8,7 %), ce qui pourrait indiquer une vente précoce des animaux de boucherie, en particulier des vaches. Chez les porcs, les abattages des cochons de lait ont diminué. C’est sans doute la principale raison de la nette augmentation du poids, outre le nombre élevé des départs à l’abattoir. Il ne faut pas surestimer les variations de PM des chèvres en raison de la rareté des données relatives au poids, lequel n’a été relevé que chez 13,4 % des animaux abattus. En août, la production de viande bovine a augmenté de 2,6 % par rapport à l’année d’avant (tableau 4.8). Celle de viande de veau a diminué de 4,4 %. Une nette augmentation est à relever dans la production indigène de viande de porc (+4,7 %) et de viande de mouton (+6,1 %). La production de viande de volaille affiche elle aussi une hausse en août, de 2,4 % pour sa part. Cette croissance est toutefois bien plus faible qu’en 2020 et 2021 (tableau 4.10). La production d’œufs a quant à elle diminué de 5,2 % par rapport à l’année dernière (tableau 4.11). Cela étant, elle a enregistré une hausse de 3,3 % en cumulé jusqu’à fin août. La tendance actuelle s’annonce légèrement à la baisse.

 

Commerce extérieur

En août, la Suisse a exporté 4,3 % de fromage en moins que l’année d’avant (tableau 5.6). La valeur de ces exportations n’a diminué que de 0,3 %, car les prix à l’exportation étaient bien plus élevés que les années précédentes. Les importations ont elles aussi quelque peu diminué (-0,3 %). En chiffres relatifs, les prix à l’importation ont encore plus augmenté que ceux à l’exportation. En août, ce sont les exportations de fondue prête à l’emploi et de fromage frais qui se sont le plus développées (tableau 5.8). Toujours en août, les volumes importés de fourrage, de paille, d’engrais et de produits phytosanitaires ont diminué. En cumulé jusqu’à fin août, les importations d’engrais ont diminué de 22,4 %. Cette année, les producteurs ont réduit autant que possible l’achat d’agents de production sans doute en raison des prix élevés. La diminution de 6,5 % qu’accuse la valeur des importations de machines et d’appareils en cumulé depuis l’année dernière malgré le renchérissement conduit à la même conclusion.

 

Prix

En septembre, le prix des taureaux, des bœufs et des génisses a augmenté d’environ 25 centimes le kg PM (tableau 6.4). Le prix des animaux de transformation de classe RV et VK a repris des couleurs après la légère baisse accusée en août. Le prix des veaux de boucherie a augmenté en septembre, s’établissant légèrement au-dessus de celui de l’année précédente (tableau 6.5). En septembre, le prix des veaux d’engrais est resté inférieur à celui de 2021 en suivant une tendance à la baisse conforme à la saison (tableau 6.6). Compte tenu du nombre trop important d’abattages, le prix des porcs est resté à un plus bas inédit en septembre. Le prix des agneaux et des moutons de boucherie s’est replié en septembre, à l’exception de celui des animaux de classe SM (tableau 6.8). Les agneaux de pâturage semblaient peu demandés, peut-être en raison de la situation fourragère difficile dans de nombreuses régions. Pour les agneaux de boucherie, le prix est resté dans la fourchette de l’année d’avant. Le prix à la production des légumes frais et surtout des porcs de boucherie a sans conteste connu une évolution négative en glissement annuel (tableaux 6.10 et 6.11). Ces deux postes constituent ensemble 24,3 % de l’indice, raison pour laquelle celui-ci a reculé de 0,4 % par rapport à l’année précédente malgré des augmentations parfois importantes dans de nombreux autres postes. En août, l’indice des prix d’achat des agents de production agricole a encore une fois augmenté quelque peu pour terminer à un niveau supérieur de 11,3 % à celui de l’année d’avant (tableaux 6.15 et 6.16). Sur le marché mondial, l’évolution de la valeur marchande des matières premières agricoles et des agents de production est très variable (tableaux 6.24, 6.25 et 6.27). Le prix de nombreux produits végétaux fluctue à un niveau inférieur à celui du premier semestre 2022. Le prix de diverses huiles végétales a nettement baissé. Les prix de l’énergie et des engrais évoluent de manière très différente, mais restent beaucoup plus élevés que l’an passé.

 

Le Rapport sur la situation de l'agriculture suisse est un extrait de la publication « Agristat - cahier statistique mensuel »