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Le chlorothalonil dans l’agriculture

Depuis plus d’une année, les médias de tout le pays ont jeté leur dévolu sur la substance active chlorothalonil, ou plus exactement sur ses produits de dégradation. La raison ? La présence de ces produits dans l’eau potable dépasserait les valeurs limites. Dans la plupart des cas, c’est toujours le même « coupable » qui est pointé du doigt : le secteur agricole.

La vérité : Pendant des décennies, la substance active chlorothalonil apparaissait dans certains produits phytosanitaires approuvés par les autorités pour lutter contre diverses maladies fongiques. Ces maladies non seulement amenuisent les récoltes, mais peuvent aussi en empêcher la vente. Les agriculteurs ont utilisé le chlorothalonil de manière adéquate. Début 2019, le chlorothalonil et ses produits de dégradation étaient encore considérés comme inoffensifs pour l’environnement et la santé. Au terme d’une étude, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a conclu qu’un impact négatif sur la santé ne pouvait être totalement exclu. Elle a alors revu son évaluation et classé la substance en question comme « probablement cancérigène ». Les autorités suisses lui ont emboîté le pas et interdit le recours au chlorothalonil à partir de fin 2019. Le Centre international de recherche sur le cancer classe le chlorothalonil dans sa catégorie 2. L’eau potable ne contient pas de chlorothalonil proprement dit, mais des produits de dégradation, aussi connus sous le nom de métabolites. À l’heure actuelle, nul ne sait si ces métabolites, dont la présence dans l’eau potable dépasse les exigences quantitatives, sont « pertinents ». Selon un rapport de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, ils ne le seraient pas pour la santé humaine. Dans ce cas, il n’y aurait pas besoin de valeur limite. Dans le quotidien Der Bund du 28 janvier 2020, le chimiste cantonal bernois a déclaré que, si les métabolites du chlorothalonil étaient pertinents, une personne de 70 kg devrait boire 10 500 litres d’eau par jour pour atteindre une dose préjudiciable. En outre, l’eau potable présente de nombreux autres résidus d’origine humaine, comme des médicaments, des hormones ou d’autres résidus de produits chimiques. Or, ces résidus ne sont guère voire pas du tout dépistés et ne sont soumis à presque aucune valeur limite (Observation des eaux souterraines NAQUA). En bref : beaucoup de bruit et peu de connaissances fondées, mais un dégât d’image considérable et injustifié pour le secteur agricole. Les familles paysannes veulent elles aussi faire en sorte que l’eau reste propre !