Contenu principal

Libre-échange avec le Mercosur : qu’en est-il de la durabilité ?

Communiqué de presse de l’Union suisse des paysans du 24 août 2019

Après un premier examen, l’Union suisse des paysans (USP) constate que, pour ce qui est des concessions négociées dans le domaine agricole, l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur va en partie très loin. Dans le cas du produit sensible qu’est la viande bovine, la Suisse veut accorder des concessions beaucoup plus importantes que celles faites par l’UE. L’application du nouvel article constitutionnel 104a lettre d, qui exige de la Confédération des accords commerciaux contribuant au développement durable, se révèle aussi lacunaire. De toute évidence, la Suisse officielle ferme les yeux sur la pollution de l’environnement, la déforestation des forêts pluviales et les droits des travailleurs dans le cas de produits importés. En l’état, l’USP ne sait pas si elle pourra soutenir l’accord. Elle doit d’abord l’analyser en détail.

L’accord de libre-échange entre la Suisse et les pays sud-américains du Mercosur a été finalisé. L’Union suisse des paysans (USP) ne fait pas obstacle à ce genre d’accords pour autant qu’ils tiennent aussi compte des intérêts de l’agriculture indigène. En regard de la taille du marché, les contingents d’importation accordés dans le cas de la viande bovine vont beaucoup plus loin que ceux concédés par l’UE aux pays du Mercosur. En l’état, l’USP ne sait pas si elle pourra soutenir les concessions négociées. Elle doit d’abord les analyser en détail.

L’USP a de gros doutes sur l’application nouvel article 104a de la Constitution fédérale. Celui-ci exige que la Confédération entretienne des relations commerciales transfrontalières qui contribuent au développement durable de l’agriculture et du secteur agroalimentaire. Le Brésil représente le plus grand pays agricole au sein du Mercosur. Son président Jair Bolsonaro fait fi de la protection de l’environnement et des droits des travailleurs. C’est au pied levé que ce dernier a permis de relancer le déboisement des forêts pluviales et a autorisé l’utilisation de plus de 200 produits phytosanitaires interdits en Suisse et partout en Europe à cause de leur dangerosité. L’usage de produits phytosanitaires n’est pour ainsi dire pas réglementé en Amérique du Sud. Il est d’une telle ampleur qu’il met manifestement en danger l’homme et l’environnement. Les conditions d’élevage s’avèrent aussi être préoccupantes sur une grande partie du continent, comme le montre une analyse approfondie de la Protection suisse des animaux.

En Suisse, les exigences sévères se traduisent par des coûts de production trop élevés et un désavantage concurrentiel significatif. L’USP ne comprend donc pas que la Suisse officielle ferme les yeux sur les importations. Il est impératif que les consommateurs soient informés en toute transparence, grâce à une déclaration claire, des modes de production interdits en Suisse. L’article 104a Cst., accepté en votation par 78,7 % des voix en 2017, donne un mandat clair au Conseil fédéral et au Parlement. À cet égard, les intentions non contraignantes dans l’accord actuel avec les pays du Mercosur sont surtout de belles paroles et demeurent insuffisantes.

Renseignements

Markus Ritter

Markus Ritter

Président de l'Union suisse des paysans
Conseiller national

Téléphone 079 300 56 93
EMail markus.ritter@parl.ch

Beat Röösli

Beat Röösli

Union Suisse des Paysans
Responsable Relations internationales

Téléphone 079 768 05 45
EMail beat.roeoesli@sbv-usp.ch

Sur le même sujet

Points de vue
« Perspective Suisse » : une campagne porteuse d’avenir

12.05.23 | Le résultat de l’élection complémentaire au Conseil des États dans le canton de Saint-Gall en mars dernier nous a montré ce que permettent d’accomplir la mobilisation et l’encouragement des bonnes personnes à se rendre aux urnes. À travers la campagne « Perspective Suisse » en vue des élections fédérales de cet automne, nous poursuivons le même objectif. Nous voulons corriger ce qui s’est produit il y a quatre ans. En 2019, trop de milieux favorables à l’agriculture n’ont pas participé aux élections ; la participation dans les zones rurales était de loin inférieure à la moyenne.

Lire la suite
Points de vue
Pas de distinction sur le dos des familles paysannes

03.03.23 | En octobre auront lieu les élections fédérales. Mais d’abord, le Conseil national doit se réunir lors de la session de printemps pour discuter du mini-paquet de la Politique agricole 2022+ (PA22+) : un calendrier défavorable au vu des nombreuses propositions émanant du camp rose-vert sur ce dossier. De quoi s’agit-il ? Tout a commencé avec la suspension de la PA22+. En amont de la votation sur les initiatives phytos extrêmes d’il y a deux ans, le Parlement a reporté les éléments environnementaux de la PA22+ dans les trajectoires de réduction des produits phytosanitaires et des pertes d’éléments fertilisants. Ensuite, d’autres mesures plus ou moins incontestées de la PA22+ ont été regroupées dans le mini-paquet dont il est question à présent. Enfin, un nouveau train de réformes devrait enter en vigueur en 2030 et transformer la politique agricole en une politique alimentaire. Le Conseil fédéral et la grande majorité du Conseil des États soutiennent cette stratégie en trois étapes.

Lire la suite
Communiqués de presse
Pas d’agriculture moderne sans bâtiments modernes

03.01.23 | Lors de sa conférence de presse du Nouvel An sur l'exploitation agricole de la famille Balsiger à Gerzensee, l'Union suisse des paysans a appelé le Parlement à voir la révision de la loi sur l’aménagement du territoire comme une opportunité de fixer un cadre juridique dans lequel l’agriculture peut être innovante et entrepreneuriale. En effet, il s’agit d’une opportunité dont tout le monde saurait profiter : les animaux disposeraient d’étables plus grandes, avec plus de lumière, d’aération et d’espace pour bouger, les familles paysannes pourraient travailler plus efficacement et toucheraient de meilleurs revenus et la population pourrait acquérir des denrées alimentaires locales à prix abordables. C’est pourquoi il convient de rejeter l'initiative paysage et d’y opposer un contre-projet indirect plus judicieux.

Lire la suite
Communiqués de presse
Le Conseil fédéral corrige le tir

02.11.22 | Le gouvernement a apporté quelques premières corrections importantes pour la pratique à l’ordonnance relative à l’initiative parlementaire 19.475 (Réduire le risque de l’utilisation des pesticides) et a adopté un nouveau train d’ordonnances en matière de politique agricole.

Lire la suite
Points de vue
Juin 2021 et septembre 2022 : même combat

16.09.22 | Le 25 septembre et la décision sur l’initiative « Non à l’élevage intensif » approchent à grands pas. Ces dernières semaines, de nombreuses exploitations agricoles ont participé à la diffusion des mesures et des arguments en faveur du NON auprès des citoyens. Nous les remercions de tout cœur de leur engagement. Les discussions récentes ont montré une fois de plus à quel point le sujet de l’élevage est émotionnel. C’est la raison pour laquelle les résultats des sondages sont beaucoup moins nets que les bons arguments contre l’initiative ne le laisseraient supposer. Le camp qui saura le mieux mobiliser ses partisans fera tourner l’issue de la votation à son avantage. Est-ce que ce sera la gauche, plutôt urbaine, qui veut couler l’AVS et l’impôt anticipé, ou la bourgeoisie, plutôt rurale, qui ne veut pas mettre en péril l’agriculture suisse et les retraites ?

Lire la suite
Points de vue
Les familles paysannes profitent d’un premier pilier sûr

29.08.22 | Le 25 septembre, outre l’initiative contre l’élevage intensif, nous voterons sur la réforme de l’AVS et son financement additionnel par le biais de la TVA. Pour que la réforme puisse entrer en vigueur, les deux votations doivent avoir été acceptées. L’Union suisse des paysans (USP) a donc décidé de voter deux fois oui. Le fait est que, dans l’agriculture, le revenu à l’âge de la retraite provient à 65% de l’AVS, la moyenne se situant à 56% parmi tous les secteurs et les personnes en Suisse. Par conséquent, une «bonne» rente du premier pilier sûre est décisive pour le niveau de vie de nos retraité(e)s.

Lire la suite
Points de vue
À fond contre l’initiative sur l’élevage intensif

19.08.22 | « L’initiative est vouée à l’échec, alors à quoi bon se donner tant de mal ? », se demande un opposant ; une importante revue spécialisée n’hésite pas à souligner que l’initiative sur l’élevage intensif n’a aucune chance : en ce moment, de telles déclarations ne sont pas rares. Pourtant, selon le premier sondage du groupe Tamedia, l’initiative « Non à l’élevage intensif en Suisse » rassemble une petite majorité. Son titre, intelligemment choisi, n’y est pas pour rien. En effet, qui voudrait d’un élevage intensif ? Personne, ni même nous les paysans ! Ceux qui ne se penchent pas sur les revendications de l’initiative et leurs conséquences, et qui n’ont aucune idée de ce à quoi ressemble l’élevage en Suisse, auront donc tendance à voter oui. Les premiers résultats de tout sondage sont à interpréter avec prudence. Il n’en demeure pas moins étonnant que nous soyons au même taux d’acceptation que lors du premier sondage sur les initiatives « Pour une eau potable propre » et « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse » de l’année dernière. À l’époque, l’agriculture a tout donné : au terme d’un énorme engagement commun, les deux initiatives ont été rejetées par 60 % des votants. L’initiative sur l’élevage intensif semble à son tour séduire une petite majorité de la population. Le rejet n’est donc pas encore garanti.

Lire la suite
Communiqués de presse
Le Conseil fédéral adopte le rapport sur la politique agricole

23.06.22 | Aujourd’hui, le Conseil fédéral a adopté le rapport sur les postulats que lui avait commandé le Parlement après avoir suspendu la PA22+. Ce rapport doit servir de base aux débats sur la prochaine politique agricole. L’USP estime que ce document de fond sera utile pour la suite des discussions.

Lire la suite